Kramolin (CZ) : 7e et 8e épreuves du Championnat d’Europe (Finale)
Compétition moto se conjugue aussi au féminin !
Le Trial, discipline moto née chez les Anglo-saxons, est un sport d’équilibre qui n’est pas axé sur la vitesse et qui compte de plus en plus d’adeptes féminines. Charlotte Suard est entrée ce week-end dans le top dix !
Dans la chaleur étouffante de la fertile et verdoyante Bohême, en République Tchèque, se cache le circuit de motocross de Kramolin, haut-lieu du sidecar-cross. Aucun gros et bruyant quatre temps cette fois-çi, ni de buveurs de bière aux bras noueux : le trial est la discipline des gentlemens, et toujours plus souvent de Superwomen, qui s’alignaient ce week-end sur le circuit et ses alentours pour y courir les deux ultimes manches du Championnat d’Europe de cette discipline souvent méconnue et dans laquelle les femmes sont toujours plus nombreuses.
Formidable école de vie
Le Championnat d’Europe de Trial a pour but de faire éclore de nouveaux talents. Donc logiquement, tourné vers les jeunes. Les teams intègrent souvent coachs professionnels ultra-compétents et membres de la famille des compétiteurs. Certaines Fédérations nationales s’y engagent aussi activement : la Fédération Italienne est régulièrement présente, les Français ont mis en place une filière Trial qui porte ses fruits, Pablo Echene est sacré Champion d’Europe Youth, Theo Flourette et Ivan Alzial sont bien placés pour lui succéder.
La discipline se conjugue désormais aussi au féminin, dans une classe Championnat d’Europe particulièrement disputée avec huit pilotes issues des Grand Prix, et une classe Internationale, plus accessible.
En Tchéquie, Charlotte Suard, dix-neuf ans, est entrée pour la première fois dans le top ten de la classe la plus relevée, aussi bien samedi que dimanche : «J’ai fait un super premier tour samedi, j’étais virtuellement septième après quatre sections. Mon deuxième tour a été plus compliqué, je n’étais pas à mon affaire, il faisait trop chaud !». Dimanche pour la finale, elle a une nouvelle fois réussi à tirer son épingle du jeu, hissant sa Sherco au neuvième rang : «Le tracé était plus difficile dimanche. J’ai fait une premier tour compliqué, pas assez de gaz, pas assez d’ambitions. Et puis je suis tombée, une méchante chute qui m’a fait bien mal au coude, c’est Sophie Ferguson, avec qui je suis en lutte, qui m’a donné une poche de glace ! C’est trop sympa. Et c’est peut-être ce qui m’a aidé à prendre le dessus» explique la jeune Fribourgeoise. Qui termine douzième de ce Championnat d’Europe : «J’ai renoncé aux deux première courses de Piazzatore (I) pour préparer mes examens d’ECG. Et je suis finalement mieux classée que l’an dernier !».
Seule la Suissesse Virginie Germond, en motocross féminin, a réussi des résultats à cette hauteur sur le plan international.
Pretalli en difficulté
Noé Pretalli comptait parmi les leaders masculins de ce Championnat d’Europe. Lui qui est redoutable dans la terre et sous la pluie n’a eu ni la météo ni les tracés pour lui. Aussi bien à Isola (F), à Grossheubach (D) qu’à Kramolin (CZ), chaleur, cailloux et poussière étaient en rendez-vous : «Je n’y arrive pas, ils sont plus forts que moi sur le sec !» confiait le Jurassien dimanche soir.
Le Championnat 2025 sera peut être plus à sa portée, l’Angleterre devrait être au programme…


Grossheubach (D) : 5e et 6e épreuves du Championnat d’Europe
Eviter la blessure!
Sur le difficile et dangereux tracé allemand de Grossheubach, les pilotes suisses ont souffert. Noé Pretalli perd ses chances pour le titre mais pourrait sauver sa place sur le podium final. Charlotte Suard et Louis Gys sont satisfaits de leurs performances respectives.
Des zones très longues, difficiles, parfois dangereuses : vendredi déjà lors des reconnaissances, nombreux étaient les pilotes à se plaindre du tracé allemand. Le temps est limité à 1 minute 30 pour parcourir chacune des douze sections, deux fois. Des réclamations bien-fondées : l’ambulance a été trop souvent engagée. Samedi, une machine et son pilote ont percuté le public violemment, fauchant plusieurs personnes, par miracle sans trop de gravité. Joschka Kraft (D), vainqueur le samedi chez les hommes est lourdement tombé dimanche, tout comme Martina Gallieni. Finalement, le diagnostic est réconfortant. L’avertissement est à prendre au sérieux.
Noé Pretalli, le Jurassien que l’on espérait Champion d’Europe cette année a souffert sur le tracé du Land de Hesse : «C’est trop sec, ils sont plus forts que moi sur ce genre de terrain. Je me suis fait un peu mal à une jambe mais ça va» lâchait-il visiblement déçu en fin de course. Sixième samedi, cinquième dimanche, il est relégué à la cinquième place d’un Championnat rondement mené par le Français Téo Colairo qui court après ce titre depuis trois saisons. Pretalli conserve toutefois ses chances pour le podium final, les dernières épreuves se courront samedi et dimanche en République Tchèque.
En International, Louis Gys s’affûte en vue de la prochaine saison : «La tracé jaune me gave, je suis impatient de rejoindre les bleus l’an prochain !» explique-t-il.
Charlotte en veut !
Face à la difficulté du tracé, certaines des filles engagées en Championnat d’Europe ont préféré rejoindre la classe International. La Fribourgeoise Charlotte Suard a préféré rester en Championnat d’Europe : «Être en course face à huit filles qui roulent habituellement en Grand Prix et sur un parcours de ce niveau technique, c’était très impressionnant ! Des risques oui, mais aussi l’opportunité d’apprendre des meilleures, de faire ma place petit à petit. Treizième le samedi, onzième dimanche, elle peut se réjouir de sa progression : «J’ai dû dépasser mes limites, hormis une grosse chute dans une marche plus haute que moi, tout s’est bien déroulé ! J’en ressort plus forte, sans blessure, trop contente ! Et dimanche soir, on a commencé à fêter le titre, déjà, de Pablo Echene en Youth !».




Isola 2000 (F) : 3e et 4e épreuves du Championnat d’Europe
Noé Pretalli en difficulté, Charlotte Suard en progression
2000 mètres d’altitude et plus, un soleil de plomb, des rochers monstrueux, des zones longues et physiques. Les 3e et 4e manches du Championnat d’Europe de Trial qui se courraient à Isola 2000 dimanche ont mis à l’épreuve pilotes, suiveurs et machines. Noé Pretalli rate sa cible, Charlotte Suard et Louis Gys sont en nette progression.
Téo Colairo, membre de l’AMC Grasse organisateur de l’épreuve européenne était favori. Dans la course vers le titre européen de la plus relevée des catégories, il craignait surtout Noé Pretalli, le talentueux Jurassien. En course, dimanche comme samedi, Pretalli a raté son coup. Terriblement déçu dimanche soir en voyant ses chances de titre européen s’éloigner, il confiait : «Quelle sale journée, on va partir de ce lieu maudit en vitesse et oublier ça. Ce qui n’a pas marché ? C’est juste là !», l’index pointant sa tempe. «C’est du trial, c’est comme ça». Dans cette discipline ultra exigeante, le moindre petit grain de sable dans les rouages, technique, physique ou mental, se paie cash, au prix fort. Reumschussel manquant lui aussi le podium, Pretalli occupe désormais la troisième place du Classement intermédiaire, à égalité avec l’Allemand Rodney Bereiter, auteur d’une superbe course malgré un bris de biellettes d’amortisseur qui aurait pu l’écarter du podium.
Le moto-club de Fully en force !
Trois des quatre coureurs en course en France sont des sociétaires du Moto-club Fully ! Jean-Philippe Couttet a tenté sa chance en Over 40, préférant renoncer à la course du dimanche : «C’est vraiment très dur ! Trop. Et je veux être au boulot lundi. C’était une belle expérience malgré tout !».
Autre son de cloche pour la Gruyérienne Charlotte Suard qui pour la première fois a réussi à franchir chacune des douze zones. Plusieurs fois sanctionnée par le coup de sifflet des une minute trente, le temps limite pour accomplir chaque zone, la jeune femme de dix-neuf ans se réjouit de sa progression : «Sur le plan comptable, c’est pas vraiment ça… Je suis toutefois satisfaite, je suis onzième. Les sept premières roulent en Grand Prix ! En analysant les scores, j’ai cette fois rejoint le niveau européen ! Comme d’autres, j’ai terminé la course en apnée, épuisée. Je sais ce que je dois faire maintenant… L’autre bonne nouvelle, c’est que l’injection de ma Sherco a parfaitement fonctionné, nous n’avons pas eu les problèmes de réglage de carburation dus à l’altitude, certains ont connu la galère pour trouver le bon gicleur !».
Louis Gys, engagé en classe International, fourbit ses armes : de beaux gestes techniques, de très belles réussites en franchissement, mais trop de pieds posés pour rien, qui coûtent cher à l’heure du classement.
Un peu d’entraînement, de la piscine, quelques réflexions, beaucoup de mécanique. C’est le programme de tous en début de semaine, avant de prendre la route de Grossheubach où se courront samedi et dimanche les 5e et 6e manches, puis de la République Tchèque pour la finale.





